Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
440                   LA SAINTE-CÉCILE.

   Son morceau bien pensé, bien trouvé, bien rendu, est
un chef-d'œuvre de sentiment vrai et de grâce douce.
Les voix de femmes maintenues par une orchestration
sobre et sonore dans laquelle les altos dominent, forment
un ensemble émouvant. Aussi, à la fin du morceau, le
public était vraiment transporté et l'on aurait crié bis si
l'on n'eût craint de fatiguer la belle voix de soprano qui
avait si parfaitement interprêté ce superbe morceau.
   Le Psaume de Marcello est-il un psaume ? Oui certes,
si l'on se place en 1700, à l'époque où Haydn faisait des
airs d'église qu'on prenait pour des sarabandes.
   — Pourquoi faites-vous des chants sacrés si guillerets,
demandait-on au compositeur ?
   — Pourquoi, ripostait Haydn, voulez-vous que je sois
triste, quand je pense à Dieu !
   Haydn avait raison, Marcello aussi. Dieu est plus près
de l'allégresse que de la stupeur, et- le public de la salle
Bellecour, enthousiasmé, a bissé cette charmante noce de
village que le programme qualifiait de psaume.
   Et remarquez comme on l'a mieux dit la seconde fois !
Vous voyez bien que, quand on veut, on obtient la nette-
té, la prononciation et la force.
   La séance a été terminée par le Messie de Haendel,
réorchestré par Mozart. C'est vraiment très-beau. Un
grand souffle a passé par là. Pourquoi faut-il que la traduc-
tion ait substitué des rimes masculines aux rimes fémi-
nines ? Le chanteur dit à tout propos

            Ah ! parmi nous l'enfant est né é !

même il fait des vocalises sur cette malencontreuse
syllabe. Et, à ce propos, on a été émerveillé de la manière
dont les sopranos ont enlevé leur fameuse roulade. Je ne