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               LE     SALON          DE      1875



                                II

     Les portraits ne sont pas fort nombreux cette année.
  Cependant nos portraitistes lyonnais ont tous tenu a hon-
  neur de répondre au sympathique rendez-vous que le public
  leur avait donné l'an passé, et nous les en remercions : car
 il n'y a pas de bonne exposition sans de bons portraits.
     A tout seigneur tout honneur! M. Loubet a fait une Å“uvre
 magistrale, bien que ce soit un portrait de femme et de
 femme du monde. Si les lois de la mode y sont scrupuleuse-
 ment observées, l'allure générale n'en a pas moins de
 noblesse et de dignité. On a surtout remarqué la robe de
 velours noir si souple et si naturelle, ses plis qui tombent
 si bien et ses dentelles ornées de perles de jais ; il est diffi-
 cile, sans doute, d'imiter plus parfaitement une étoffe. Mais
 tant pis pour les myopes qui ne voient que la robe! La tête,
 fine et expressive, ne laisse rien à désirer; l'œil en suit
avec plaisir les contours délicats et y trouve un puissant
relief; et cette main, « celle main si jolie », qui emprunte
au velours ses reflets moelleux ; tout enfin, dans ce por-
trait , est rendu avec une égale sollicitude et une égale
perfection.
    Près de celui-ci se trouve un autre portrait de femme, de
M. Faivre-Duffer, qui est plein de qualités estimables ; les
bras surtout sont admirablement modelés. Mais pourquoi ce
fond lie de vin? et par quelle fatalité cette toile a-t-elle
été placée à deux pas de la belle dame de velours de M. Lou-
bet, qui l'écrase?— D'ailleurs, M. Faivre-Duffer a un autre
fleuron à sa couronne : c'est un petit portrait de jeune