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478                          POÉSIE.

Parler l'argot du turf et l'argot des coulisses.
Conduire un cotillon, valser élégamment,
 De l'idole du jour, prévenir les caprices.
Tailler une écartée et perdre galamment.
 Ils ne font rien ; le temps emporte leur jeunesse ;
La fortune s'enfuit ; un mépris mérité
Les poursuit et flétrit leur précoce vieillesse,
Qui glane, chez Laïs, un amour frelaté.
Meurs doucement, enfant; meurs dans ton innocence,
Si comme ces gens-là, tu dois être un viveur !
Ta mère pleurera, mais il vaut mieux, je pense,
Pleurer l'ange envolé que l'homme sans honneur!
Mais, si tu dois savoir à quel prix la richesse
S'acquiert et se conserve, accepter et remplir
Les devoirs qu'elle impose et garder ta jeunesse
De vider jusqu'au fond la coupe du plaisir ;
Si tu dois cultiver ton esprit et répandre
Les fruits du vrai savoir, péniblement cueillis :
Si tu dois travailler, chaque jour à te rendre
Capable de servir noblement ton pays ;
Si tu dois t'entourer de ce luxe qui donne
Des loisirs à l'artiste, à l'artisan du pain ;
Si tu dois réserver une abondante aumône
Pour le vieillard infirme et le pauvre orphelin ;
Si tu dois, jeune père, élever ta famille
Dans l'amour du devoir et la crainte de Dieu ;
Si tu dois lui montrer que souvent ce qui brille
N'est rien et que le bien à faire coûte peu ;
O cher enfant, que Dieu te donne longue vie !
Grandis ! sois fort ! qu'heureux soient tes amours !
Que ta richesse croisse et que jamais l'envie,
De son souffle empesté, ne ternisse tes jours !

                                         Germain PICARD.