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                     POÉSIE.

Des pieds sanglants les ont foulées,    '
Et des morts y sont étendus.

Va par les champs et par les villes,
O poète, jusqu'aux déserts !
Calme les discordes civiles
Au suave accord de tes vers !
Parais dans les combats funestes,
— Comme la Paix aux dons célestes, —
Tenant le rameau d'olivier.
Qu'à ton aspect, dans la famille
Un doux sourire flotte et brille
Où la haine allait éclater.

Dis à tous ces rivaux qu'ils sèment
La paix, pour la cueillir un jour ;
Poète ardent, dis leur qu'ils aiment,
Que le bonheur est dans l'amour.
Peut-être ta voix épuisée
Deviendra-t-elle la risée
De ceux qui devraient la bénir ;
Ou sur toi, dans leur rage impie,
Ils répandront leur calomnie.
Chéris-les tous pour les punir !

Enfin, si les hommes te chassent
Loin d'eux, comme un vivant remords,
Qu'ils se méprennent, quoi qu'ils fassent,
Et ne restent pas les plus forts !
Fuis dans les bois, sur la colline,
Près des mers, où l'âme divine
A ton âme parle le mieux !
Aspire, dans la solitude,
Le pardon et la quiétude,
Et ne meurs qu'en priant pour eux !

                               Léandre BROCHERIE.