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LE POÈTE A VICTO%_ DE LAPRADE Il me semble te voir debout sur la montagne, Ou priant, ou rêvant; seul n'ayant pour compagne, Que ta lyre à la grande voix ; Les pieds fermes au roc parmi les rieurs sauvages; — Pensif et lumineux, — le front dans les nuages ; Le regard errant sur les bois. Les vents avec amour dans tes cheveux gémissent; Les splendides rayons dont les flots t'envahissent Te font une auréole d'or. Un arbre, près de toi, vieux chêne aux feuilles sombres, Sur les flancs du rocher répand de larges ombres Que le soleil respecte encor. Au-dessus de ton front, par delà toute cîme, Un aigle prend l'essor et plane sur l'abîme Dans l'effrayante immensité. L'on dirait ton esprit au vol inaccessible, Toujours et sans efforts, sur une aile visible Montant vers la Divinité. Trop jeune et sans grave pensée, Avant d'avoir connu tes chants, J'ignorais la route tracée Aux prophètes de notre temps. Dans son sot orgueil, le poète N'était que le vain interprète G