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458 ALISE.
car M. Lenormant lui-môme reconnaîtrait aujourd'hui que
l'ingénieux badinage de l'architecte de Besançon est devenu
une grosse question archéologique qui a nécessité les meil-
leures plumes et les plus solides pioches.
Mais revenons encore à M. Rossignol.
Nous avons bien à Lyon notre problème archéologique,
l'emplacement vrai du temple d'Auguste ; mais nous autres
bons Lyonnais, nous voyous avec une certaine curiosité mais
non avec passion que quelques savants transportent le tem-
ple gallo-romain d'Ainay h Saint-Pierre, de Saint-Pierre au
Jardin-des-Plantes, du Jardin-des-Plantes à l'ancien Hôlel-
du-Parc. Jamais M. Martin-Daussigny n'a été obligé de se
voiler la face ni de se cacher sous un pseudonyme, lorsqu'il
a voulu aller dans le quartier qu'il tente de déposséder de
son temple, moins les colonnes, propriété de M. Boue qui
certes ne s'en dessaisira pas. Mais en Séquanie c'est autre
chose, les Francs-Comtois veulent avoir l'Alésia de César,
et tout étranger qui arrive près du massif d'Alaise est re-
gardé, suivi, inspecté, questionné, bien mieux qu'il ne le
serait par toute une brigade de gendarmerie, et, pour avoir
Alise à Alaise, tout Franc-Comtois se fait gendarme. Donc,
M. Rossignol qui savait cela et qui voulait tout visiter, tout
voir, tout entendre sans être connu, arriva par le chemin de
fer à Salins, y acheta une blouse, des guêtres, un bâton
noueux contre les ronces et les serpents, prit du jarret pour
quelques jours d'excursion à pied, gravit résolument le mont
Poupet et se trouva devant le massif 'Alaise, sous le simple
nom de Thomas. Bientôt le chef bourguignon se vit au mi-
lieu des cicérones Francs Comtois, et alors il voulut, comme
son patron, mettre le doigt dans les plaies faites au plateau
d'Alaise par les pioches des partisans de M. Delacroix. Mais
M. Tvomas-Hossignol, plus incrédule que le Thomas de
l'Evangile, ne voulut rien voir, rien comprendre, et lorsque