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                      DE LYON A GliENOBLE.                      253

saint Jean avec amour. Le Tintoret a une bonne Sainte Famille;
le Pérugin un saint Sébastien do premier mérite, Ribera un très-
beau sain Barthélémy, Philippe de Champaignc plusieurs toiles.
A côté de ces maîtres on peut citer Graver, Ilobbema, Jordaens,
Van der Meulen, Tcrburg, Saeydcrs, Claude Lorrain, Jouvcnet,
Desportes, Lesueur, Eugène Delacroix. —Mlle Wagner y possède
une Petite fille effrayante de réalisme et que nous avons vue à
l'exposition de Lyon ; Montessuy un Intérieur de l'église de Su-
biaco. Ce n'est pas grand, mais c'est d'un fini précieux.
   Étourdis de ces toiles et de ces cadres qui dansent dans notre
imagination et papillottcnt devant nos yeux, nous nous enfuyons
vers la place Grenettc -, il est impossible d'y pénétrer. La foule
s'y est donnée rendez-vous ; on attend la Fanfare qui sort d'un
élégant café. Tandis que les dilettanti se rendent sur ses pas au
Festival donné pour les pauvres, des milliers de voyageurs esca-
ladent des centaines de voitures et volent à Sassenage, à Uriage,
au Pont-du-Drac, à Vizille, un peu partout. Nous grimpons en
trentième ou quarantième sur l'impériale d'un omnibus qui se
rend à Uriage ; on se met sur les genoux les uns des autres, on
s'asseoit sur les marche-pieds, les jambes pendent d'jci et de là,
les yeux pétillent;, les fronts rayonnent, trois chevaux nous em-
portent au galop.
   La plaine du Graisivaudan est ravissante, sa réputation d'ail-
leurs est faite. Les montagnes qui entourent ce vaste bassin sont
fièrement découpées et montent crânement vers les petits nua-
ges qui se promènent dans le ciel ; quelques flocons de vapeur
s'accrochent à leur flanc et des points blancs jetés çà et là indi-
quent l'altitude des grandes neiges. Les pointes qui ne sont pas
déshabillées cette année au mois d'août ne le seront jamais; leur
manteau est éternel. On demande où sont les neiges d'antan?
Elles ne sont pas loin; les voilà, vous pouvez les voir, et les fou-
ler, au besoin ; vous n'avez qu'à monter.
   Notre rapide équipage est arrivé à Gières ; nous changeons de
chevaux et nous nous engageons dans une gorge sauvage. La
route tourne et revient; les pâturages et les forêts descen-
dent jusqu'à nous ; c'est un labyrinthe mais où on ne peut se