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222 CINQ JOURS A DRESDE.
la bienvenue aux chanteurs, et je fus frappé de la facilité
avec laquelle l'orateur se faisait entendre, même dans les
endroits les plus éloignés de la salle ; cela venait à la
fois de la bonne disposition de l'acoustique, de l'attention
de l'auditoire et de la sonorité de la langue allemande.
Puis, un chœur composé et dirigé par F. Reichel fut
exécuté par les chaateurs de Dresde. L'effet en était fort
imposant. Alors le programme fut rempli par des exécu-
tions de musiques militaires et par des ensembles de diffé-
rentes associations chorales.
Le public était, ce premier soir, relativement peu nom-
breux ; aussi on avait disposé les bancs de telle façon que
de trois en trois ils pouvaient s'élever au-dessus du sol au
moyen de pieds à coulisse et devenir des tables , de sorte
aue la salle était une façon de café-concert. Mais il ne
faut pas se figurer pour cela le brouhaha des Champs-
Elysées ou de l'Alcazar ; l'Allemand sait consommer avec
dignité et recueillement. Des garçons se promenaient
silencieusement, portant des plateaux chargés de rafraî-
chissements, et chacun d'eux avait en grosses lettres sur
la poitrine le nom de ce qu'il pouvait vendre. Quant aux
prix, ils étaient généralement connus, et c'était sans bruit
que les estomacs des auditeurs trouvaient à se satisfaire.
Pour simplifier les échanges de monnaie qui, en Allema-
gne, sont très laborieux , pour que les Prussiens , les
Bavarois, les Autrichiens, les Saxons etc., qui comptent
les uns par groschen, les autres par pfennig, les autres
par kreutzer, d'autres par thaler ou par florins, pour
que tous ces peuples ne fussent pas embrouillés par ces
variétés monétaires, on les avait tout simplement suppri-
mées et remplacées par une monnaie spéciale,- frappée
pour la fête, et qui était à la portée le tous les chanteurs.
Les pièces de monnaie de différentes grosseurs portaient
d'un côté l'aigle allemand avec ses deux têtes et ses plu-
mes ébouriffées et de l'autre des notes de musique ; la
blanche valant un, la ronde valant deux et ainsi de suite;