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                             ALISE.                         459

les guides lui disaient avec emphase : vide fossas, vide tu-
mulos, M. Rossignol répondait : « Ça des fossés? ce sont
« des ravins!... Ceci des tumulus, je n'y vois que des trous
 « de charbonniers. » A ces naïves réponses, empreintes
cependant d'un grand machiavélisme, les cicérones se re-
 gardaient, souriaient, haussaient un peu les épaules et
avaient l'air de se dire : Est-il simple ce M. Thomas ! Bref le
 montagnard de Bibracte fut plus rusé que les montagnards du
mont Poupet, et M. Rossignol revint à Dijon !e cerveau
 rempli de preuves topographiques pour Alise contre Alaise.
Sans perdre de temps, I'érudit archiviste confectionna une
gargousse de 80, l'emplit de citations, d'ironies, de sarcas-
mes même, et, en août 1856, lança sa charge à mitraille
qui étourdit les défenseurs d'Alaise et blessa assez forte-
ment M. Quicherat. Bien plus, l'Institut de France ap-
prouva le feu et en doubla le succès en couronnant le
mémoire de M. Rossignol dans sa séance du 7 août 1857.
    Les Bourguignons furent ravis de la vaillante défense de
 leur chef, et- un Franc-Comtois nous apprend, « que les
« Dijonnais furent sur le point d'illuminer la ville et de voter
« a M. Rossignol, au nom de sa Bourgogne bien-aimée,
« cinquante jours de supplications, comme jadis Rome à
 « César. »
   Cette petite malice de M. Desjardins n'est rien en compa-
raison du toile franc-comtois. On chercha d'abord à amoin-
drir l'honneur du triomphe, en diminuant le. nombre des
jugts qui avaient voté la couronne. Dans un article assez
méchant pour l'Institut autant .que pour M. Rossignol, in-
séré au Moniteur du 13 octobre 1858, on nous apprend les
petits secrets des distributeurs de gloire et de mentions hono-
rables ; on nous montre la commission des antiquités de la
France, composée seulement de huit membres, et souveraine,
dans ses jugements ; or, cinq membres sur huit ont voté pour