Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           NOUVELLE.                         319

de garnison souvent oisive et toujours nuisible aux mœurs
champêtres des habitants de la ferme.
    Le tirage commença, et les conscrits étant appelés selon
l'oidre alphabétique de leur nom de famille, Caréna alla
prendre son numéro avant son ami Fossali.
    Hélas! quelle ne fut pas sa pénible surprise, quand le
N" 17 prononcé h haute voix par le président de l'opération
vint retentir à ses oreilles et le frapper au cœur ; il alla
cacher son (rouble et sa pâleur auprès de parents affligés
ainsi que lui-même de la chance fâcheuse qu'il venait d'a-
voir; il voulut aller tout do suile en informer sa sœur, sa
mère et sa Sperata chérie, mais il fut retenu par Luigi, le-
quel le conjura d'êlre le témoin du sort qu'il allait avoir lui-
môme dans celte sinistre loterie.
    Au moment même où appelé pour prendre son numéro il
s'élançait vers l'unie, le supérieur du couvent l'embrassa et
 lui dit :
     « Bon courage, Luigi, voilà mon songe qui va se réaliser »...
 et, en effet, ce fut le numéro 365 que le fils de Fossati tira
 de l'urne!!!
     Autant le mécompte de Caréna avait été grand, autant la
 joie de Fossali, de son père et des moines fut expansive et
  bruyante.
     Le comte G         o, qui dans sa bonté généreuse, avait
  apporté une bourse pleine d'or pour ne pas être pris au dé-
  pourvu, voulut compter immédiatement la somme promise,
  et ce fut à grand peine qu'on obtint de lui de n'en faire la
  remise à l'heureux conscrit qu'au moment où il aurait re-
  joint sa mère, sa sœur et Silvia.
     Comme quatre cents jeunes gens avaient été appelés et
  qu'il en devait partir deux cents, le numéro 365 dégageait
  de tout service militaire l'heureux Luigi ; mais le pauvre
  Pedro Caréna était d'autant plus certain de partir qu'il n'a-