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                    CINQ JOURS A DRESDE.                  409
n'aident. Leur seul mot d'ordre était un dévoûment com-
plet pour leurs hôtes, les chanteurs. On avait compté sur
leur intelligence pour improviser, selon les besoins, les es-
cortes,les haies et toutes les mesures instantanées de police.
   Dès que leur service leur laissait quelque répit, ils se
promenaient par la ville, cherchant à être utiles aux chan-
teurs dépaysés.
   J'en rencontrai à deux heures du matin, reconduisant
chez eux, par une pluie battante, les étrangers égarés.
   •— Allez vous reposer, leur disais-je, votre travail re-
commencera rude et fatigant demain matin ; ménagez vos
forces ; allez vous reposer.
   — Nous faisons notre devoir !
   C'était leur réponse à tout.
   Et ce n'est pas sans émotion que je me rappelle tous ces
détails. Je voyais réalisé un de ces problèmes sociaux
qu'on ose à peine rêver. Eh quoi! voilà des hommes,
que dis-je, des enfants, que ne dirigent ni la crainte d'un
châtiment, ni l'appât d'une récompense et qui remplissent
leur mission comme des sages? Mais c'est donc vrai! On
peut donc obtenir le bien sans mettre au cœur de l'adoles-
cent ce mauvais sentiment qu'on appelle émulation, amour-
propre, et qui n'est que de l'égoïsme déguisé? On peut donc
être vertueux pour le seul plaisir de l'être, avoir les qua-
lités les plus nobles pouf la seule joie de les posséder? On
peut donc vivre en homme parfait sans cet attirail de pu-
nitions et de distinctions honorifiques qui vous rendent
honnête par peur et sage par envie ?
   Oui, on le peut ! Voilà tout un peuple d'enfants qui nous
en fournit la preuve. Et, lorsque ces enfants auront grandi,
quels hommes ils feront !
   Ah ! Français, mes bons amis , soyez fiers de voir les
autres nations imiter la forme de vos habits et le système
de vos canons rayés.
   Réjouissez-vous de vous entendre appeler le peuple le
plus spirituel de Ja terre.