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108 LA BATAILLE DE MÉTRIEUX. Jacques Pape, ancien page de l'amiral de Coligny, et qui avait voué a la famille de l'illustre réformé un attachement a toute épreuve, nous a laissé un curieux récit de cette re- traite hardie où Châtillon déploya l'habileté d'un capitaine consommé et le courage d'un vieux soldat. Aussi pouvons- nous, grâce à cette narration d'un témoin oculaire^ complétée par la tradition locale et les chroniques de l'époque, suivre presque pas à pas l'armée des huguenots a travers nos pays et assister à toutes les rencontres des deux partis. Les moments étaient précieux. Privé du secours de ses alliés, Châtillon pouvait être écrasé aisément par les forces supérieures des catholiques. Aussi plusieurs heures avan„ la fin de la nuit du 6 au 7 décembre, s'empressait-il de quitter Saint-Laurent pour se diriger vers le Forez, en fran- chissant les montagnes qui avoisinentThizy. Mais cette pre- mière journée de marche fut pénible. A l'approche des pro- testants, tout le pays était en alarme; le tocsin se faisait entendre dans tous les villages ; le cor sonnait sur les hauteurs, et les paysans assemblés sous le commandement des gentilshommes du pays, et de quelques gens d'armes, les suivaient de loin de coteau en coteau. Mais ces démons- trations hostiles ne pouvaient guère arrêter leur marche, car, suivant l'expression pittoresque du narrateur, leurs en- nemis se contentaient de leur aboyer de loin. Aussi les protestants purent-ils, après une longue journée démarche, arriver le même soir à Panissieres, où ils passèrent la nuit (1). Cependant Mandelot, gouverneur du Lyonnais, n'était pas (1) Le récit de Jacques Pape porte Furmigières, nom altéré que nous n'hésitons pas à rétablir en lisant Panissieres; le texte ajoute que cette localité était voisine de Feurs ; cette circonstance, jointe à la similitude des désinences, confirme de tous points la rectification que nous proposons.