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                      LA. COUSINE BRIDGET.                      191

et Minna se glissa au dehors, car elle sentait qu'ils seraient
mieux seuls, maintenant ; et pressant le pas pour retourner au
logis, elle trouva cousine Bridget occupée à regarder au dehors
dans l'attente de son retour,
    La vieille dame commençait à être inquiète, car l'obscurité
croissait. Minna l'embrassa lendrement et la conduisit dans ce
joli cottage où elle avait trouvé un si heureux foyer.
    Elles s'assirent auprès de la fenêtre ouverte, la main dans la
main, éclairées par les rayons tranquilles de la lune qui plon-
geaient sur elles ; et elles se mirent à parler, sérieuses et pensi-
ves, de ce qui s'était passé ce jour-là, et de la similitude extraor-
dinaire qui existait entre ces événements et ceux de la jeunesse
 de Bridget.
    Bridget regrettait de n'avoir point été, ainsi que Minna, à la
 fois désireuse et capable de trouver partout quelque chose de
 bon, et d'aller, en dépit de tous les rebuts essuyés, toujours en
 aimant et en accomplissant le bien — non point par amour de
 la récompense — mais, ainsi que faisait Minna, parce que c'était
 le bien — Minna, à son tour, lui montrait comment la récom-
 pense est assurée, bien qu'elle arrive quelquefois par des voies
 indirectes, et que des moyens étranges servent souvent à la
 Providence pour parvenir à son but.
    — C'est vrai, Minna. S'il n'avait plu à Dieu d'adoucir assez
 mon cœur pour me décider à, vous appeler auprès |le moi, et j'ai
 trouvé la tâche difficile, —je n'aurais jamais épifouvé ce que
 je ressens maintenant. — C'était dans l'amertume du cœur que
 je vous écrivis cette lettre, et, au milieu de vos maux, elle a
 dû vous être dure.^
    — Elle était bizarre, chère — voilà tout.
    — Bizarre ! — oui, c'est vrai — elle l'était et beaucoup ! En
 écrivant, je songeais .• elle peut venir ou demeurer — ce qui lui
 plaira. — Et quand je vis votre brillant et beau visage je sentis
  comme si j'avais ajouté une nouvelle souffrance à celles que
 j'endurais déjà, et je tressaillis au souvenir d'Agatha. — Mais
  non, Minna, je bénis Dieu de m'avoir inspiré la pensée de vous
  appeler. Jeune comme vous l'êtes, vous m'avez appris quelque