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                 BÉRANGER ET PIERRE DUPONT.                            75
           Aux Alcyons plaintifs, dans les roches sauvages,
           Quand la mer furieuse envahit les rivages !
           Dès que les monts Alpins, aux sommets opposés,
           Jettent les premiers feux dont ils sont embrasés,
           On voit les pèlerins monter en longue file
           Par le petit sentier qui mène au saint asile:
           Adolescents, dont Vàme est un miroir uni
           Que le souffle du mal n'a point encore terni;
           Vierges, aux fronts baissés, aux modestes toilettes,
           Dérobant leurs parfums, comme des violettes,
           Marchant près de leur mère, ainsi que l'oisillon
           Dont l'aile est encor frêle et rase le sillon ;
          Femmes qui vont puiser dans le cœur de Marie,
          Ce ruisseau dont jamais la source n'est tarie,
           Les consolations el les pieux pensers
          Qu'elles rendent ensuite aux pauvres cœurs blessés ;
          Hommes aux fronts sereins, et dont l'œil pur décèle
          Qu'ils conservent en eux la céleste étincelle,
          Qu'ils sont de vrais croyants, comme étaient leurs aïeux ;
          Vieillards, dont l'âme est blanche autant que les cheveux,
          Soit que le repentir l'ait baignée à son onde,
          Soit qu'ils aient gardé pur de la fange du monde
          Ce lis de chasteté qui dans leur cœur fleurit,
          Quand sur lui s'épancha le baptême du Christ ;
          Et des hommes enfin, tout épuisés de doute,
          Joyeux de s'arracher à cette grande route
          Où les troupeaux humains languissent haletants,
          Réduits à soupirer après l'eau des étangs!
          Il est doux de trouver, après de longues courses,
          L'ombrage des coteaux et la glace des sources.

   Je prie M. Dupont de croire que c'est sans malice que je
rappelle ici ses antécédents poétiques ; je ne cherche point à
opposer son passé à son présent, et, quand bien même ce passé
et ce présent seraient aussi dissemblables que certaines per-
sonnes se l'imaginent, M. Dupont ne s'en trouverait pas moins
en bonne compagnie ; l'Esquisse d'une philosophie ne ressemble
guère à l'Essai sur l'indifférence, la Chute d'un Ange aux
Premières méditations; de l'Ode sur les funérailles de Louis