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296                  UNE FEMME MURÉE

son sang, qui jaillit à flot, rougit sa robe de bal ; elle
rend son dernier soupir, et son âme innocente s'élève vers
les cieux.
    Cependant, Gaspard est épouvanté de son crime ; que
deviennent désormais ses espérances d'avoir un héritier
de son nom ? Il maudit sa fatale vengeance. Comment
cacher cet acte odieux qui va le mettre au ban de ses
pairs? Faire disparaître le corps de l'infortunée comtesse?
 Tout à coup, il conçoit un projet étrange ; sa volonté de.
 fer l'approuve. 11 fait venir le sénéchal !
     — Ce n'est point à vous de juger votre maître. Séné-
 chal, la comtesseest morte dema main; nedivulguezjamais
 ce secret terrible; portons la à nous deux dans le souterrain
 par l'escalier dérobé de mon appartement, et faisons-la
 murer dans la niche du fond. Appelez les ouvriers qui ont
 commencé des réparations dans les cachots; tout est prêt,
 la pierre et la chaux. Que la porte de cet appartement se
 ferme pour longtemps; plus tard, nous aviserons.
     Siffroy obéit. Plongé dans une profonde douleur, il enve-
 loppa dans un drap délit le corps de sa maîtresse; prit à
 peine le temps d'enlever de ses bras, de son cou, quelques
 bijoux qu'il voulait remettre à Gabrielle. Le corps fut
 placé dans la niche funèbre murée aussitôt, et Gaspard,
 perdant sa sauvage énergie, se sentant mourir, se retira
  dans la chambre la plus élevée du château, et se mit au
  lit : il avait une fièvre ardente.

                       EUGÉNIE D'ORGEVAL-DTJBOUCHET.

      (A suivre.)