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LE CHATEAU D'ALBON. 337 dans l'esprit roman, ils sont formés de chaînes alternatives de moellons gris et de cailloux pointus et rouges ; mais l'homme a aidé le temps dans son œuvre de destruction, on les a entamés, troués, percés à jour, écorchés jusqu'aux os ; leur revêtement régulier ne subsiste plus que par places, et ils étalent comme une plaie continue leur massif de béton, que traversent des meurtrières carrées ; on doit remarquer qu'ils ne sont flanqués par aucun bastion, cela suflît à les dater, nous' avons observé que les remparts élevés du ixe au xie siècle étaient nus, l'enceinte de Mantaille, qui remonte à cette époque, est nue, celle de notre cloître de Saiat-Jean Tétait aussi, mais au con- traire, le cloître de Saint-Just, bâti plus tard, était défendu par vingt-deux tours'et, pendant le xm8 et le xiva siècles, Aiguës-Mortes, Carpentras, Avignon se hérissaient, à la romaine, de nombreuses bastilles et d'échauguettes. Letriangle dessiné par les remparts d'Albon, a environ trois cents mètres de base sur cinq cents mètres de hauteur. Une population d'une certaine importance pouvait s'ag1- glomérer dans cet espace, mais aujourd'hui il est dévasté, la petite ville qui l'occupait a été démolie, il n'en reste rien, pas même des ruines. Il ne serait point possible de rendre l'aspect, à la fois triste et riant, que présente le triangle vu d'en bas. On a élevé des maisons de pisé sur les robustes subslructions ; çà et là s'étendent des curtil- lages, des vignes, des champs plantés de noyers ; leur luisante verdure contraste avec les moellons érodés des pans de murs millénaires ; des fleurs croissent, des fontai- nes coulent parmi les débris ; honteusement perdue dans un angle inférieur, se dresse une gentilhommière, une maison forte du temps de Louis XII ; elle est construite en débris vermoulus, incrustés de mousse brune, elle est flanquée de tourelles vertes et bourgeoisement couvertes