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62                     DU SURNATUREL.

que l'âme habite une région où la science positive ne saurait
atteindre. Quoi! lorsque la science rencontrera, dans l'être
humain, la pensée, le sens moral, l'espérance et la soif de
l'avenir, la science devra s'incliner devant ces phénomènes
psychologiques 1 Et lorsqu'elle se trouvera en présence d'autres
phénomènes tout aussi étrangers à son expérience, elle sera en
droit de dire : Arrière, je ne vous reconnais pas, vous violez
mon domaine ! Et ne voyez-vous pas qu'il y a là. une inconsé-
quence ?
   En effet, si la science positive n'a pas de raison pour nier
l'existence de l'âme, pourquoi en aurait-elle pour répudier le
surnaturel ? Vous l'avez très-bien dit : Le domaine de la science
positive finit là où commence la région de la pensée. Hors des
limites de l'expérience, la science ne peut plus rien constater.
D'où il suit que le matérialisme est une violation de domicile,
une incursion, de la part de la science, sur un terrain qui ne
lui appartient point et où elle n'a rien à faire.
   Mais, la science positive a-t-elle plus de droit dans le domaine
du surnaturel ? Parce qu'elle exerce, avec une incontestable
compétence, son activité sur la nature, peut-elle se croire per-
mis de toucher au sanctuaire que Dieu s'est réservé ? Vous nous
répondrez que ce sanctuaire n'existe pas, que la puissance di-
vine est concentrée tout entière dans l'ordre qu'il a posé ; et,
en vous appuyant sur l'autorité de Cabanis, vous ajouterez que :
la justice et la bonté de la cause première sont dans les lois de
l'univers; que c'est une imagination absurde de supposer dans
lasowice de ces phénomènes si réguliers et si constants, une
bonté et une justice disposées à sortir de l'universalité qui les
caractérise, et de fléchir dans, tous les sens pour s'adapter à
des cas particuliers. Ce qui veut dire, en termes plus simples,
que la régularité et la constance des lois de la nature interdi-
sent toute idée de dérogation. Toujours le même argument qui
revient sous des formes diverses ! Eh bien, soit ! Puisque vous
voulez que les lois de la nature suffisent à tout, nous n'avons
plus qu'une chose à dire : 11 y a, dans le monde, certains faits
dont vous n'êtes pas libre de nier l'existence, et que nous ap-