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                         DV SURNATUREL.                          59

base ferme et inaltérable qui consiste en ce qu'on n'a jamais
vu qu'une multitude de témoins, étrangers aux uns et aux au-
tres, tous sains de corps et d'esprit, tous de bonne foi et
n'ayant aucun intérêt à tromper, aient été ou fascinés au point
dé n'avoir pas vu ce qu'ils ont vu,"ou disposera attester le con-
traire de ce qu'ils ont vu. Quelle difficulté y aurait-il à suppo-
ser que le témoignage arrive en concurrence de l'expérience
avec des conditions égales de fermeté et d'inaltérabilité ? Or,
dans une telle supposition, il est clair, d'après le principe du
philosophe anglais, que les deux certitudes, étant égales, il y a
destruction d'autorité. Or, dans cette supposition, s'il s'agissait
de la résurrection d'un mort, il faudrait admettre, comme une
conséquence nécessaire, ceci : que le même homme mort, puis
ressuscité, serait tout à la fois mort et ressuscité. Il serait mort,
puisque le témoignage de l'expérience prouve fermement qu'un
mort ne revient pas à la vie. Il serait cependant ressuscité,
puisque le témoignage des hommes prouverait avec non moins
de fermeté que ce mort ne l'est plus. En présence d'une si ab-
surde conséquence, la vanité de l'objection de Hume ne laisse
plus aucun doute.
   Mais, tout à l'heure, en contestant, dans sa généralité, le prin-
cipe du philosophe anglais, que les lois 'de la nature sont éta-
blies sur une expérience jerme et inaltérable, nous avons prêté
le flanc à d'autres adversaires du surnaturel qui nous disent, à
leur tour : Si l'expérience, quelque bien établie qu'elle paraisse,
peut recevoir quelquefois des démentis de la part du progrès
de la science, nous ne connaissons donc pas toutes les lois de
la nature ; et si nous ne les connaissons pas toutes : combien
de faits ont été pris [pour des miracles, que l'on pourrait ex-
pliquer par des causes naturelles? Une seule de ces causes que
l'on ne connaît pas peut, en certains cas, inconnus des specta-
teurs, changer l'effet de celles qui [sont connues. D'où il suit
qu'il est impossible au sage de s'assurer que tel "fait donné
comme surnaturel ait vraiment ce caractère.
   Après ce que nous avons dit dans le cours de la discussion,
il n'est point malaisé de répondre à cette difficulté. Sans doute,