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60                        DU SURNATUREL.

il est des lois naturelles qui nous sont inconnues ; car la science
en découvre de temps à autre que l'expérience était loin de faire
soupçonner. Mais, il en est un bon nombre qui n'ont jamais
reçu* aucun démenti, et que l'on ne pourrait, sans manquer au
sens commun, contester à l'expérience. Ainsi, tout le monde
sait, à ne pouvoir en douter, que les aveugles nés, les para-
lytiques de trente ans, ne se guérissent pas par un simple attou-
chement ; que les morts en putréfaction ne ressuscitent pas sur
un commandement. Si donc, un aveugle né est rendu à la lu-
mière, si un paralytique de trente ans est remis sur pieds,
par un simple attouchement, si un cadavre reprend la vie,
sur une sommation adressée à la mort de rendre sa proie, tout
homme de bon sens sera en droit d'affirmer que de tels faits ne
peuvent être le résultat de lois naturelles inconnues, et consé-
quemment, que de tels faits sont surnaturels selon toute l'accep-
tion du mot.
    Nous lisons, dans un discours récemment imprimé, ayant
pour titre : De l'esprit scientifique que l'on doit apporter dans
l'étude de la médecine (1), celte proposition qui est tout à fait
dans le sens de l'objection que nous réfutons : « Le surnatura-
lisme, c'est-à-dire, la croyance à des êtres ou à des forces qui
ne font pas partie de ce monde, mais qui peuvent s'y intro-
duire de temps en temps et s'y comporter comme causes effi-
cientes de certains événements ou de certains phénomènes,
trouve, non pas seulement la médecine, mais toutes les sciences
 incrédules. Tous les progrès que fait la science, tous ceux
qu'elle fera auront pour effet de détruire la croyance au surna-
turel. »
    Si nous ne nous trompons, cette proposition dit clairement
 que les sciences qui s'exercent sur les faits naturels sont oppo-
 sées au surnaturel et ne le reconnaissent point. 11 est vrai que
 l'auteur, dans une note spéciale, a essayé àe prêter à cette
 proposition un sens différent de celui qu'elle paraît exprimer,

  (1) Discours prononcé â la rentrée des Facultés, le 21 novembre 1872,
par M. le docteur Valette.