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58                        DU SURNATUREL.

 et ne peut être estimée que par le degré d'influence que ces
certitudes exercent sur la raison. D'où il suit qu'il est impossi-
ble de leur attribuer une valeur mathématique, si ce n'est dans
une hypothèse purement idéale. Or, il ne s'agit pas~ ici d'hypo-
 thèse.
   L'argument de Hume paraîtra plus faux encore si l'on con-
sidère que, dans le fait de la résurrection d'un mort, l'expé-
rience et le témoignage ne sont point opposés l'un à l'autre.
Que dit l'expérience? Elle dit que, selon le cours ordinaire des
choses, un mort ne revient pas naturellement à la vie. Que dit
le témoignage? Que ce mort revenu à la vie est ressuscité na-
turellement? Point du tout. Il dit que, grâce à l'intervention
d'une puissance supérieure à la nature, ce mort a été rendu
à la vie. D'où il suit que ces deux certitudes, attestant des
choses différentes, ne sont point en conflit, et partant, l'autorité
de l'une ne peut élider l'autorité de l'autre. D'où il suit que,
l'expérience demeurant muette devant l'opération d'une vertu
surnaturelle, le témoignage, qui certifie l'opération de cette
vertu, conserve toute sa force probante. Et non-seulement
l'expérience et le témoignage ne sont point opposés dans le
cas dont il s'agit; mais, ils ne peuvent l'être dans aucune
hypothèse ; puisque ce sont deux certitudes. Que le positif et
le négatif se fassent opposition, cela est évident. Mais que deux
positifs soient en hostilité, que le jour ne soit pas d'accord avec
le jour, le oui avec le oui, c'est ce qui serait inconcevable.
Donc, l'expérience et le témoignage ne peuvent être opposés
l'un à l'autre, sans qu'il y ait contradiction entre deux certi-
tudes restant telles. Ce qui répugne à la raison.
   Une dernière observation achèvera de mettre en lumière
cette impossibilité. Dans le système de Hume, si le témoi-
gnage ne peut en aucun cas devenir supérieur à l'expérience,
il peut arriver qu'il lui soit égal ; car, il est fort bien permis de
supposer que le témoignage soit environné de circonstances
telles que le bon sens ne puisse nier que ce témoignage est
l'expression de la vérité. Car, s'il y a pour l'expérience une
base jerme et inaltérable, il y a aussi pour le témoignage une