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380                      DE L'INFINI.
toute nécessité une fin surnaturelle. Le but d'un Esprit éter-
nel, infini, est nécessairement éternel et infini. L'amour ne
peut rien produire qui- ne soit, en tout, infiniment conforme
à lui-même. Et la plus grande question de la terre est celle
de ces rapports de l'homme avec l'Infini, autrement dit, la
Religion. Ici encore, procédons mathématiquement.
   Dieu est l'être qui existe par lui-même ; il est celui qui
n'a rien reçu d'aucun être et de qui tout être provient, il
est l'Infini. Les premières conséquences sont : puisque
l'Être est infini, il ne peut rien exister en dehors de lui,
autrement il ne serait point l'Infini. Les êtres finis ne peu-
vent donc exister qu'en lui et par lui : car, n'étant pas
absolus, n'étant pas par eux-mêmes, ils ne seraient pas. In
Deo vivimus, movemur et sumus. Si l'Être absolu, seul, existe
par lui-même , les êtres finis ne peuvent être que créés, ils
ne peuvent subsister que par sa création. Créer, c'est don-
ner et maintenir l'être a qui n'est point absolu. Le fini, c'est-
à-dire le créé, ne saurait donc être un instant par lui-même,
mais, seulement, par la vie que lui communique sans cesse
l'Être qui existe par lui-même. Le relatif ne vit, en défini-
tive que par les rapports qu'il conserve avec l'Absolu.
    De là, les autres conséquences, à savoir :
    Que, les créatures physiques aussi bien que les créatures
morales, n'étant pas par elles-mêmes , ne subsistent que
par un acte de conservation, qui n'est qu'une création cons-
tante et toujours nouvelle ;
    Que, dès lors les créatures physiques, aussi bien que les
 créatures morales, reposent sur des conditions d'existence
 constantes et invariables ;
    Que ces conditions d'existence constantes et invariables
 sont, pour ces êtres, ce qu'on appelle vulgairement leurs lois ;
    Que, dans le monde physique, les êtres étant inertes, leur
 loi leur est imposée, qu'ils s'y soumettent fatalement ;