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368                    CHRONIQUE LOCALE.

    — La première représentation, à Lyon, des Vêpres Siciliennes,
 de Verdi, a eu lieu, vendredi 28 mars, devant une salle comble;
 la pièce montée avec soin a eu un succès qui promet de se
 soutenir longtemps.
    — L'élite de la société lyonnaise, toujours heureuse de s'associer
 à une bonne œuvre, se pressait, samedi 29 mars, dans le féerique
 Palais de l'Alcazar, où un concert, en faveur des petites filles
 des soldats, avait été ordonné, avec autant d'intelligence que de
 goût ; dès l'abord on avait cru devoir se préparer à la bien-
 veillance en faveur de modestes artistes en uniformes que
 l'éclat des toilettes et le nombre des spectateurs auraient pu
 éblouir et troubler, aussi les applaudissements ont-ils éclaté
 lorsque le public s'est aperçu que nos soldats n'avaient pas
 besoin d'indulgence et qu'ils rivalisaient de talent, de verve et
 de gaîté avec nos artistes le plus en renom. L'ouverture de
 Fra-Diavolo, exécutée par toutes les musiques de la 3 e Division
réunies, sous la direction de M. Goguelat, chef de musique du
 56e de ligne, avait été vivement applaudie, les battements de
 mains ont redoublé à chaque couplet de la romance les Étoiles,
 chantée par M. Salât, sergent major au 56e, dont la voix sym-
pathique a si bien fait valoir la musique de M. Goguelat. M. Machin,
 du 23 e , a eu un succès de fou rire dans le Serpent de village,
où il s'est montré comique inimitable , et dans une parodie de
la Favorite, un des succès de la soirée. M. Alleman, sous-officier
au 4« de ligne, a dit, d'une manière brillante, des vers de cir-
constance , intitulés: le Soldat; l'auteur avait voulu garder
l'anonyme, mais son nom circulait dans la foule à travers les
bravos. Pendant qu'un habile et gracieux charlatan amusait le
public et distribuait fioles et bouquets, les Dames patronesses
faisaient la quête et augmentaient la somme destinée aux in-
téressantes bénéficiaires. Les musiques réunies de la 2e Division,
sous la conduite de M. Gandner, chef de musique du 12e de
ligne, ont à leur tour exécuté, et avec un ensemble parfait,
plusieurs morceaux, parmi lesquels on a remarqué l'ouverture
du Serment et la mosaïque de Robert-le-Diable. N'oublions pas
de signaler, à côté de notre brave armée, M. Renard, premier
ténor du Grand-Théâtre, dont la voix, belle surtout ce jour là,
lui a mérité une véritable ovation, M. Luigini, qui tenait le piano,
et les habiles Écuyers, qui ont obtenu aussi leur part des bravos.
    La soirée s'est terminée par la douce satisfaction d'une bonne
Å“uvre accomplie, par la reconnaissance du public pour les or-
ganisateurs de la fête, et par Ta pensée, qui a dû surtout frapper
tous les étrangers, lorsque les Dames patronesses faisaient la
quête, que si Lyon est la ville de la charité et des aumônes,
elle est aussi la patrie de Madame Récamier.

                             Aimé   VINGTRINIER   , directeur.