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                            DES AM1S-DES-AHTS.                               277
    M. Maissiat expose deux tableaux d'aspect tout contraire ; l'un intitulé
Fleurs et fruits d'automne, est du style flamboyant ; le marbre, la dorure,
les soyeuses draperies encadrent et font ressortir des amas de fruits aux
riches couleurs ; il y a beaucoup d'éclat dans ce tableau et l'ensemble fait
oublier certaines parties faibles et négligées.
    Son second tableau, les Bords d'un taillis, est confus ; la peinture ne
s'accommode pas de la reproduction de ees toutes petites fleurs des champs
dont le mérite, dans la campagne, est d'être découvertes au milieu d'une
prairie uniforme, à travers la mousse, au pied d'un buisson épineux, ou de
relever par un suave parfum les qualités trop humbles de leur beauté ;
toutes circonstances qui ne peuvent être conservées dans un tableau.
    M. Reignier est toujours le dessinateur savant, l'Andréa senza difetli, de
l'école lyonnaise ; on ne saurait assez admirer la flexibilité, la légèreté, l'élé-
gance de toutes ces plantes, de toutes ces fleurs si variées qu'il nous pré-
sente, car M. Reignier les connaît toutes et les reproduit toutes avec bon-
heur. Les trois tableaux composés par cet artiste sont des médaillons en-
tourés de fleurs : nous avouerons que les médaillons nous semblent être de
trop ; ils sont d'un dessin et d'une couleur pauvre et ils s'harmonient mal
avec les fleurs auxquelles ils n'ajoutent aucune valeur.
    Le regrettable M. Remillieux apportait aussi, dans tout ses ouvrages,
un soin et une conscience extrêmes ; on ne saurait rien voir de plus précis
et de mieux détaillé que les roses de son tableau n° 482. M. Pizzctty,
Jllle Wagner, M. Larrey exposent de fort belles études; M. Pizzetty se fait
remarquer par la simplicité et la fermeté de sa composition, que l'on dirait
un hommage rendu à la mémoire de Berjon, M. Carrey par sa couleur
splendidc, Mlle Wagner par la grâce et la vie qu'elle sait conserver aux fleurs
et aux plantes sorties de son pinceau.
    Citons encore MM. Chantre et Dcyrieux, les pastels de M. Sicard, les
belles aquarelles do M. Voile et de M. Lays, et les jolies peintures de
M. Grobon, le Retour de la Chasse, Fruits et Gibiers, etc. Les pivoines de
M. Voile et la branche de pommier de M. Sicard, méritent surtout de
chaleureux éloges.
    Nous arrivons aux artistes qui font leur étude de l'homme, de ses pas-
sions, de sa beauté, de ses mœurs, de son histoire ; ils ont. choisi là, «ans
contredit, le but le plus élevé, la voie la plus difficile, mais aussi la plus
féconde et qui peut conduire à la célébrité la plus durable. Nous avons
déjà fait remarquer que Lyon était pauvre en peintres de figure, et cepen-
dant que d'excellents artistes sont sortis de ses écoles, MM. Flandrin,
Guichard, Gleyre, Tyr, Faivre, DufFer, Meissonnier, Montessuy, Comte-
Calix, Pilliard et d'autres encore qui tiennent une place élevée dans l'art
contemporain ! Si Lyon avait conserve dans son sein toutes les nobles intelli-
gences qu'elle a formées, elle aurait une école redoutant peu de rivales ;
mais la tendance de notre temps est destructive de l'individualité des villes,
et cette tendance est trop forte, elle est commandée par un ensemble de
circonstances trop puissantes pour que l'on puisse espérer de lutter contre
elles avec avantage. Nos jeunes artistes vont à Paris chercher le perfec-
tionnement de leur talent, la réputation et la fortune, puis chacun d'eux
suit isolément sa voie ; ils ne conservent pas cette fraternité de sentiments,
cette unité de style qui seuls constituent une école.


           ( La suite au prochain numéro ).