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508 DU BIKN DANS L'ABSOLU leur amour, a l'exception d'un seul fruit qu'il s'était réservé à lui-môme, celui de son propre amour, qu'il ne pouvait leur donner qu'avec la vie éternelle. Car Dieu, conversant chaque jour avec eux, ajoutait : Je suis la beauté infinie, et dans mon sein l'on trouve l'éternelle et indicible joie. Mais ma beauté éternelle ne peut être saisie que par celui qui a parcouru les déserts du temps dans la soif de mes bienheureuses lois. Ma beauté éternelle ne peut être vue que de l'œil serein qui a su traverser les ténèbres et pénétrer jusqu'à ma lumière. Ma beauté éternelle ne peut arroser de ses délices que le sein de celui qui m'a recherché et désiré sur la terre, dédaignant tout pour tourner vers elle ses regards languissants. Car il faut, ô jeune âme ! que la matière reste là comme un voile entre mes charmes et toi; si tes yeux me voyaient lu perdrais toute ta liberté, et il ne t'appartiendrait plus de m'offrir un amour noble et désinté- ressé, comme le mien, qui était à toi avant que tu fusses né. Ah! laisse-moi conduire les amours! mes caresses éternelles ne sauraient pleuvoir que dans le cœur tendre et pur que la loi du temps a consumé par l'épreuve, et rendu saint et brûlant d'amour comme moi... je suis la vierge des éternelles amours. El l'homme qui, avant sa chute, conservait dans son ame une idée plus complète de Dieu, et qui l'avait entendu parler, savait tout cela, et son cœur en était troublé autant que ravi. Cette idée d'une incomparable possession, qui devait aller s'asseoir tranquillement en lui comme le souvenir dans l'exil, vint enflammer son désir. La possession ! la possession ! cette pensée qui renverse l'être dans l'ivresse embrasât son ame d'un feu criminel, et il se dit : Ne pourrais-je pas m'appro- cher de Dieu sans traverser les lois de l'amour? ne puis-je pas jouir de Dieu sans l'aimer ?... Et l'homme veut déjà posséder le bien infini, il veut le bonheur de Dieu, il ne peut plus attendre... On lui en sug-