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506 DU BIEN DANS L'ABSOLU
VIII.
COMMENT CKTTE CHUTE DE L'HOMME s'EST-ELLE OPÉRÉE
DANS LE TEMPS?
L'infini ne repose que sur l'amour. C'est lui qui, ramenant
dans l'ineffable possession de leur identité les divines perfec-
tions de l'être, les constitue dans l'absolu.
Si un principe était opposé à l'amour, il serait opposé à ce que
Dieu fut, il serait la dissolution de l'être.Le néant n'est que l'ab-
sence totale de l'amour. Ou ce qui aime, ou ce qui n'est pas.
L'être créé, suspendu entre l'infini et le néant, ne peut
que se rapprocher de l'un ou de l'autre. Ou il aimera et se
rattachera à l'être ; ou il n'aimera pas et le perdra. Et si
l'amour est la condition de l'être, l'orgueil n'est que l'ab-
sence de l'amour.
Dans le cœur de l'homme il ne peut donc y avoir que
l'une de ces deux pentes : ou l'amour, ou l'orgueil. Ou l'a-
mour, qui sort de soi, ou l'orgueil, qui reste en soi ; ou l'a-
mour, qui se donne et se coordonne par rapport à l'être pour
s'unir à son bonheur, absolument comme dans l'infini; ou l'or-
gueil, qui dérobe l'être et se le coordonnepar rapport à lui pour
en jouir seul, absolument comme pour rentrer dans le néant.
Supposez l'orgueil dans une des personnes delà sainte Tri-
nité, et Dieu n'est plus possible... Supposez l'orgueil de l'être
créé se réalisant, et la création est détruite... Supposez l'or-
gueil parmi les anges, et ils ne sont plus qu'un troupeau de
lions acharnés à se nuire et à tout détruire.
Au sein de l'être, l'orgueil serait le pire des maux parce
qu'il détacherait l'être de l'être : l'orgueil détruirait l'absolu.
Au sein du créé, l'orgueil est le pire des maux, non seule-
ment en ce qu'il détache l'homme de Dieu et brise l'œuvre