page suivante »
480 DU BIEN DANS L'ABSOI.U s'arrête point en lui, il y a encore une production hors de lui. Les deux grands faits de l'être sont là : exister et créer. Ainsi, le propre de l'être est de produire; car exister de soi, c'est se produire. Si l'homme est le fils de l'être, ne participe-t-il pas de la nature de l'être? S'il participe de la nature de l'être, ne doit-il pas participer de ses tendances ; ne doit-il pas éprouver, pre- mièrement le besoin d'exister par lui-même, secondement le besoin de produire. Et, en effet, sur la terre, ce besoin de produire des actes par soi-même n'a-t-il pas conduit l'homme à se délivrer de toutes les influences extérieures, en un mot à être libre dans toute l'étendue de sa liberté morale, psychologique, physiolo- gique et enfin politique et économique? Dans le fond de son être, l'homme ne cherche-t-il pas, d'abord, à n'agir que par lui-même? ensuite, lorsqu'il s'aper- çoit qu'il est effectivement doué de ce pouvoir, ne voudrait—ii pas aussi n'exister que par lui-même? En d'autres termes, lorsque l'homme s'est détaché comme cause de la réalité absolue, pour devenir lui-même une causalité complète, n'a- gissant que par elle-même; ne pense-t-il pas à s'en détacher comme substance, pour devenir un être complet, n'existant que par lui-même? Celte tendance de l'homme à se séparer, non seulement comme cause mais encore comme substance, de tout ce qui n'est pas lui, afin de posséder en lui et sa source et son but d'existence, n'esl-elle pas le besoin le plus naturel de toul ce qui possède de la véritable existence, n'est-elle pas le mouve- ment même de l'être? Et, si une image prise dan* le monde physique nous était nécessaire, lorsque au printemps, par exemple, se manifeste dans toute la nature, ce redoublement de vie qui s'étend jusqu'au plus petit insecte produit de son sein; se pourrait-il, dans le monde intelligible, que Péter-