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ET l)AN;ï LE TEMPS. 481 nel mouvement qui fait circuler la vie dans toute l'étendue de l'existence, ne s'étendit pas aussi jusqu'à l'être créé? Car, prencns-y garde, nous n'existons que par cette action de Dieu. Celui-là seul est un être indépendant qui n'a reçu l'exis- tence de personne; U créaturp n'est qu'un être communiqué. Tout être qui trouverait en lui-môme sa conservation serait absolu. Le perpétuel changement, la perpétuelle transforma- lion qui s'opèrent dans l'homme, lui donnent l'idée et la preuve qu'il reçoit toul incessamment comme il est renouvelé incessamment. Tout a en Dieu sa racine. L'enfant, dans le sein de sa mère, a bien une circulation du sang qui lui est propre, une vie à lui distincte de celle de sa mère, mais il la tient de sa mère, et s'il en était séparé avant qu'il ait tout reçu d'elle, il périrait. Nous sommes de même à l'égard de Dieu. La conservation dépend de l'opération divine tout aussi bien que la création ; celte opération se fait aujour- d'hui comme elle s'est faite hier. Si Dieu cessait d'agir, l'homme ne continuerait pas d'exister; la dépendance est aussi grande dans la suile que dans le commencement. In deo vivimur et sumus, dit S. Paul. Sans doute, le canal par lequel l'être nous est communiqué est invisible, et l'œuvre de la créoconservation s'opère en nous d'une manière imperceptible. Mais sentons-nous, quand l'ali- ment que nous empruntons à la terre se change par les opéra- lions de l'estomac en notre propre substance; sentons-nous, quand la circulation du sang l'apporte dans nos artères, pour réparer sur tous les points du corps les perles qu'il a faites. Enfin, le corps n'est-l-il pas modifié et transformé selon la nature des aliments qui l'ont recomposé! Mais si le corps reçoit ma- tériellement l'exislence, l'ame ne la reçoit-elle pas spirituelle- ment et d'une manière qui la conforme aussi à la nature de l'être absolu qui la lui donne. 31