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A LYON. kï9 de ses ancêtres les citoyens de la Rome impériale, il s'in- téresse peu aux travaux productifs, il a peu de besoins ; le pain de l'esprit semble lui être plus nécessaire que le pain du corps. 11 aime les loisirs et les fêtes ; et cette vie non- chalante ne détruit pas chez lui, comme chez les Napoli- tains, la dignité des sentiments. « Chaque jour lui apporte sa solennité. C'est la fête patro- nale de l'une des quatre cents églises que Rome renferme. Le soir arrive, on dresse sur la place un échafaudage où vient s'établir un orchestre d'instruments à vent. Les mai- sons environnantes sont illuminées avec des lanternes aux vives couleurs. Le sanctuaire brille intérieurement de mille feux; l'or et la soie des ornements resplendissent à travers la fumée transparente de l'encens ; les belles hymnes de Pa- lestrina, de Pergolèse, de Porpora, éclatent au dehors en raffales harmonieuses. La foule monte et descend les degrés, se renouvelant sans cesse, ne se lassant jamais de ces ma- jestueuses cérémonies qu'elle revoit chaque jour. Il est rare que ces églises ne renferment pas un chef-d'œuvre de peinture ou de sculpture, dont la présence augmente la noblesse du spectacle ; ce sont: les sibylles de Raphaël, le Christ ou le Moïse de Michel-Ange, des fresques du Giollo, du Dominiquin ou du Carrache, une Vierge éblouissante sortie du pinceau du Guide. L'ame ne reçoit des sens rien qui ne l'élève et ne la ravisse. '( Tout le monde a lu la description des magnificences que Rome déploie, malgré la pénurie actuelle de son trésor, pendant la Semaine-Sainte et le jour de Saint-Pierre. « Ces fêles que les circonstances difficiles né suspendent pas, sont l'emblème de la jeunesse inaltérable de la reli- gion, et de sa persévérance dans la mauvaise fortune. « Pendant ces nuits de réjouissances, le voyageur qui passe devant Ostie, en traversant la mer, le pauvre pâtre des 29