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A LYON. 447 « Auprès de ces œuvres dévastées du génie humain, la na- ture toujours jeune était remplie des voluptueuses émana- tions qui la renouvellent et la fécondent sans cesse. « Bien des soirs avaient été aussi beaux, pendant que le peuple romain venait jouir impérialement des délices de son théâtre; bien des soirées aussi belles s'étaient passées depuis la ruine de Rome et de ses citoyens. Ici les forces de l'homme apparaissent telles qu'elles sont. La fragilité des empires" les vicissitudes de l'histoire ne sont pas de vaines déclamations, des rêveries de notre esprit : l'œil les voit, la main les touche. « Ces merveilleux spectacles se retrouvent à chaque pas dans Rome : l'ame est touchée sans qu'il soit besoin d'élo- quence, les faits parlent eux-mêmes. La peinture et la sculp- ture sont une imitation de ce large et puissant langage de la nature, qui présente tous les faits et toutes les vérités à la fois. « Comme nous descendions, nous entendîmes un bruit joyeux qui roulait d'abord confus au fond des galeries, et s'approchait de plus en plus : c'était une société de visiteurs à laquelle s'étaient réunis tous les curieux dispersés dans l'amphithéâtre. « Le gardien et ses deux fils armés de torches les escor- taient, et, avec ce goût de la perspective que l'on trouve sou- vent chez les ciceroni, leur ménageaient des scènes pleines de charme. Quelquefois laissant leurs compagnons dans l'obsr- curité, ils disparaissaient par un couloir, puis on les aper- cevait à quelque distance dans une altitude pittoresque, sortant de dessous un porte basse, et répandant une clarté inattendue sur quelque pierre gigantesque ; d'autrefois, ils se cachaient derrière un énorme pilastre, dont les deux épaules tronquées et massives se dessinaient d'une manière sinistre sur le fond de lumière rougeâtre fournie par les torches; d'autres fois