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406 EXCURSION DANS LE MIDI. toutes les fonctions militaires, sortant la n u i t , un fanal à la main pour aller reconnaître tous les postes intérieurs et exté- rieurs , et même faisant feu pendant le jour sur la garnison du château d'If. De celle dernière place et de Pomègue on s'aper- çut que Francœur faisait de fréquentes sorties; celte circons- tance détermina le duc de Villars à donner ordre à une com- pagnie de la garnison d'aller surprendre le monarque dans son château-fort. On part dans la nuit du 3 au 4 n o v e m b r e , on débarque sur l'île et l'on s'achemine sans bruit vers la for- teresse : on plante des échelles et on se glisse par ce moyen jusque sous les remparts du donjon. Là on allend que Francœur sorte, selon sa coutume, pour reconnaître les for- tifications extérieures. Le roi de Raloneau va faire bravement sa r o n d e , malgré une pluie battante qui ne discontinua de toute la nuit. Il abal le pont levis. Mais à peine est-il dehors qu'il est investi et arrêté. — «Braves gens ,s'écrie-t-il, ce sont les droits de la guerre ; c'est en r è g l e , le roi de France est plus puissant que moi ; il a de bonnes troupes. Je me rends avec les honneurs de la guerre. « Je demande d'emporter mon havre-sac et ma pipe. Ce qui lui fut accordé. » La capitulation de Francœur, 1 er roi de Raloneau, acceplée par Louis XV, roi de France et de Navarre, fut religieuse- ment observée. Francœur emporta avec lui son havre-sac et sa pipe. Seulement, on assigna pour palais an monarque d é - c h u , l'Hôpital des fous. Depuis ce singulier é v é n e m e n t , ajoute le gazetier, le nom du roi de Ratoneau a passé en proverbe à Marseille. Sans doute il était bien permis aux gazelles privilégiées de la cour de considérer Francœur comme un insensé, et au gouvernement du roi de le faire conduire à l'hôpital ; mais, en bonne justice, ne pourrait-on pas soutenir que, comme roi et comme conquérant, Francœur n'a pas été plus fou que