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                   EXCURSION DANS LE MIDI.                    241

vingt ans. N'est il pas vrai que c'a été là une belle victoire
pour le peuple et ses enfants ?
    Pendant que les chevaliers de la fidélité, comme disait
une chanson du temps, faisaient à Marseille de si belles
prouesses contre de pauvres arbres, à Paris, ils se com-
portaient d'une façon tout aussi chevaleresque contre quelques
innocentes fleurs. La violette qui, jusques-là, avait caché si
soigneusement sous l'herbe ses petites améthystes parfu-
mées, sans jamais se mêler de politique, fut décrétée sus-
pecte de bonapartisme et de conspiration contre le trône
et l'autel. Dans les gazettes bien pensantes, on lança contre
les violettes des articles flanqués bientôt de réquisitoires et
de procureurs-généraux.
    Ordre fut donné aux agens de la force publique de saisir
et appréhenderai! corps toute violette qui oserait se montrer
dans les spectacles et autres lieux publics. Un soir au thé-
â t r e , Mn" M a r s , le diamant de la Comédie française, une
femme ! fut outrageusement interpellée par les féaux du
parterre, et condamnée à faire amende honorable devant
le public, pour être entrée en scène avec un bouquet de
violettes au côté. C'est à cette même époque qu'un célèbre
jardinier fleuriste, M. Tripet, crut devoir guillotiner les
impériales de son jardin., par dévouement à la branche aînée
des Bourbons.
    Quinze ans plus tard, en 1830, nous avons vu de fiers
patriotes, à leur tour, poursuivre à outrance des fleurs de
lys en peinture, jusque sur les panneaux des carosses,
 lesdiles fleurs de lys étant atteintes et convaincues de cons-
 piration carliste, henriquinquisle, légitimiste.
     La semaine dernière, à propos de la question ministérielle,
 un journal,pour déconsidérer M. Thiers, lui reprochait d'avoir
 écrit l'histoire de la Révolution française, c'est-à-dire son plus
 beau titre littéraire. Ce sont là de ces choses que l'esprit de
 parti seul peut inventer.
     Aujourd'hui les partis politiques en France ne se doivent
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