page suivante »
EXPOSITION 1844-1845. 73 animées d'un sentiment profond qu'elles expriment chacune suivant leur organisation. Ce vieux paysan, qui a dû partager les dangers de Larochejacquelein, est un type excellent du paysan breton; celle jeune fille a la pose pleine d'abandon; cette autre, si naïvement effrayée, et cette pauvre mère si ré- signée, composent un groupe admirable. Le gars qui amorce son fusil doit avoir plus d'une fois chanté le fameux refrain : Ivon a pris sa carabine ; Ohé ! les gars, égaillez-vous. Nous plaçons les deux intérieurs de M. Montessuy, parmi les œuvres les plus complètes de l'Exposition ; ils réunissent des beautés d'un ordre supérieur, et nous n'y voyons rien de médiocre. Les figures sont bien dessinées, bien posées ; les têtes sont remarquable par la variété de leur expression ; rien de joli comme la femme vêtue de bleu qui fait partie du groupe de droite dans la Visite du Pape. On devine un beau corps sous l'élégant ajustement de sa compagne ; l'homme agenouillé sur l'escalier respire, vit, il va marcher. Dans l'autre tableau, il y a un effet de lumière sous les voûtes prolongées qui vont au centre de perspective, qu'on ne saurait trop louer; la couleur a delà solidité sans éclat dans les parties éclairées, et une grande finesse de ton dans les parties laissées dans la demi-teinte ; les accessoires traités avec la fermeté d'une peinture d'histoire, sont faits avec le soin d'une peinture de genre. On aime la bonne foi de cette manière de tout rendre sans blesser l'illusion, ni la convenance des plans. En résumé, succès complet. Le public rit du tableau de M. Frenet; nous, nous pen- sons qu'il est triste de voir un artiste chez lequel il y avait peut-être assez de qualités pour faire un peintre agréable, se fourvoyer ainsi en abordant à la légère ce que son école appelle le grand style. Son St-François-de-Régis est une de ces déplorables compositions où la meilleure vo-