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Gh               SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-ARTS.

 nous préserve de ses imitateurs, la peinture prétendue réfor-
 mée compte en France un certain nombre d'apôtres proster-
  nés devant les principaux dieux de cet Olympe blafard, qui
  se sont partagés tous les genres; le portrait, le paysage ( le
  paysage!) et l'histoire. Leur première prétention est de se
 montrer penseurs profonds, moralistes sévères, et dessinateurs
 rigides; pour eux, la perfection du dessin gît dans la fidélité
 mathématique du trait ; ce fanatisme insensé a déjà fait plus
d'une victime parmi les sectateurs de cette triste école. Dessi-
 nant sèchement pour être précis, pauvrement pour être vrai,
peignant platement comme les décorateurs du Campo-Santo,
Bulîalmacco, Orcagna, Gazzoli, ils prennent les sévères pro-
portion du contour pour la qualité éminente du dessin. On
peut donner à un corps toutes les dimensions voulues, sans
être parvenu à la beauté absolue de la ligne placée au point
où l'objet finit, et où l'espace commence. Les Ingristes possé-
deraient le don de celte exactitude matérielle refusée à Ra-
phaël lui-même et aux plus habiles statuaires antiques, qu'ils
seraient encore loin, nous le répétons, de la perfection dont
ils se vantent; les limites de la couleur ou du dessin ne s'ob-
tiennent ni à la pointe du compas, ni avec la patience ; dans
cette ligne insaisissable, réelle pourtant, se cache, s'insinue
le génie du peintre ; cette ligne, ce linéament vaporeux, c'est
lui, c'est son style, c'est son ame ; relevez un peu trop cet
épiderme, affaissez-le, l'objet n'aura rien perdu de son éten-
due, de la justesse de ses proportions, mais le génie de l'ar-
tiste se sera envolé : Raphaël absent aura laissé Vasari.
   L'exactitude c'est la main; le dessin c'est le cœur. A notre
avis, la bonne peinture sera toujours de la bonne couleur entre
les lignes d'un beau dessin ; hors de là, on trouvera le faux, le
mauvais, l'ennuyeux et le bizarre à tous les degrés.
   Nous voyons pourtant la peinture des Ingristes obtenir des
succès réels, elle plaît aux yeux timides, toujours prêts Ã