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                        VICTOR DE LAl'AADfi                 419

bêtes, voyez ces enfants et ces femmes qui fuient leur
village menacé pour se cacher dans les bois. Résolus
d'étbufffcr la révolte, les vaincus d'hier sont revenus sur le :
bourg d'où on les a chassés, semant devant eux le meurtre
et l'incendie. Dans les maisons abandonnées il ne reste que
les infirmés et les vieillards gardés par le saint prêtre, tou-
jours digne de sa mission sur la terre.
   Pendant ce temps, les fugitifs gagnent la forêt, escortés •
par les braves delà ville. Le docteur les a suivis.
    « Comme un vieux général qui de rien ne s'étonne,
    Au galop de la Grise il parcourt sa colonne,
    inspecte, ordonne et gronde. A chacun paternel,
    Il va, tantôt railleur et tantôt solennel,
    Masque de gais propos le souci qui l'accable
    Et soutient les esprits par sa verve indomptable. » .


   Voici le bois; voici le soir, et le long des vignes les
bandes fugitives montent en lignes sinueuses vers les hau-
teurs. De leur côté, les ennemis, rangés en bataille, sor-
tent par milliers des sentiers étroits qui mènent vers Jes
coteaux; ils se déploient lentement le long des chemins
creu^ bprdés de buissons, quand tout à coup ils sont salués
par cent coups de tonnerres.
    « Pas un coup de fusil qui n'ait touché son homme. »


   Trois fois se répèle la terrible décharge sur le bataillon
hésitant. Jl avance néanmoins, mais sa marche est incer-
taine. Chaque arbre, sur le versant de la montagne, cache
un conscrit et vomit la mort. Enfin, Pierre et ses soldats
sont entrés dans le bois, et la ils s'arrêtent pour vaincre ou :
pour mourir. Madeleine* et Pernette n'avaient pas quitté,;
durant cette périlleuse ascension, l'une son fils, l'autre son
fiancé. ïntïëpides, toutes deux réglaient leurs pas but les