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 354                      MONTMÉLAS.

  dignité de pousser aussi loin la complaisance, fit des
  remontrances à son colonel, le duc de Biron. Ces Mesieurs
  lui exposèrent que des officiers n'étaient pas institués
  pour de semblables services, et que, si l'union avait lieu,
  le capitaine d'Arod serait obligé de quitter le régiment
  mort ou vif, à la suite de duels.
     Le colonel, justement ému de cet événement, recom-
  manda aux officiers de s'en rapporter à sa prudence,
  pour sauvegarder l'honneur du régiment. Il se rpndit le
  lendemain auprès du ministre, le duc de Choiseul, lui
  exposant le mauvais effet produit par cette nouvelle, et
 demandant d'éloigner à tout prix le capitaine d'Arod. Le
 ministre, entrant dans les vues du colonel, pourvut im-
 médiatement M. d'Arod d'un brevet de colonel à la suite,
 c'est-à-dire qui suit la cour, avec rang et traitement,
 mais sans commandement.
    Le duc de Biron, muni du brevet, invita à dîner tout
 son corps d'officiers, dont faisait partie le capitaine
 d'Arod, mais qui ignorait la faveur dont il venait d'être
 gratifié.
    Le repas fut très-gai, sans allusion aucune. Au dessert,
 le colonel des gardes françaises se leva gravement et
 prononça ces mots : —Je suis chargé, messieurs, de vous
 transmettre une nouvelle qui vous affligera et vous ré-
jouira, en même temps. Je vous annonce la retraite du
 capitaine d'Arod, de notre régiment. Le roi, dans sa
justice distributive, voulant récompenser ses bons ser-
vices, lui a donné le brevet de colonel à la suite. Buvons
à la santé du nouvel élu et exprimons lui notre regret de
son départ.
    Le capitaine-colonel accepta le toast qu'il avait été
loin de prévoir et se retira sans mot dire. Le mariage
eut lieu, avec grande réjouissances. La dot assurée par