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                      LES HABITATIONS                    173

groupes d'habitation, tant en France qu'au dehors. Celles
de ces habitations qui renfermaient les produits du sol
destinés a être échangés contre des produits étrangers,
devinrent, avec Ses significations de magasins, entrepôts,
marchés, d'importants établissements maritimes et com-
merciaux ; d'autres sont restées a l'état de simples hameaux.
   Nos traditions lyonnaises, appuyées sur des monuments
épigraphiques romains, font mention de l'ancien quartier
des cannabœ. Les cannabœ, situées au condate du Rhône et
de la Saône, au pied de la colline de Saint-Sébastien, dans
la partie comprise depuis la place des Terreaux jusqu'à la
passerelle Saint-Vincent, le long de la rivière et de l'ancien
canal naturel qui reliait les deux fleuves, doivent proba-
blement leur origine a une peuplade segusiave, fixée en
ce lieu favorable, soit a la pêche, soit au commerce. Plus
tard, augmentées par l'arrivée de négociants grecs et
romains, les cannabœ de Lyon servirent d'entrepôt a toutes
les marchandises du centre de la Gaule et a celles que leur
amenaient des traficarits des côtes de la Méditerranée. Il s'y
organisa la corporation des nautes de la Saône, si riche et
si puissante a l'époque romaine. Le nom de porte Chene-
vière ou Cannabièra, existant dans ce quartier au Moyen-
Age, était sans doute une réminiscence des antiques can-
nabœ.
   Nos chroniqueurs sont loin d'être d'accord sur l'empla-
cement occupé par les cannabœ. Cet emplacement serait,
outre celui que nous avons mentionné, soit le quartier de
la place Saint-Michel, soit le quartier de la rue Bourg-
Chanin. Ce dernier nom offre une certaine ressemblance
phonétique avec cannabœ. Sur la place Saint-Michel, on a
exhumé un socle de pierre, déposé dans notre musée lapi-
daire, et sur lequel on lit : Minthatius vitalis negociator
vinarius, résidant à Lugdunum in Kanabis.