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                         LA SUAVIOLA.                       459

H s'arrêta pour prêter l'oreille et il put entendre tout ce qui
se disait ainsi à côté de lui.
  — Je ne suis pas fâché qu'il soit mort, murmurait un
des interlocuteurs. Cet homme nous méprisait. Il ne nous
parlait que pour nous commander, et ne nous perme tait de
paraître ici qu'à la condition que nous ne pénétrerions jamais
dans les appartements qu'il habitait.
  — Oh! je sais pourquoi il nous tenait ainsi loin de lui,
répondait un autre, c'est que tout en voulant que sonfilsvînt
dans nos expéditions faire preuve de courage avec nous, il
désirait que ce blanc-bec ne nous fréquentât que le moins
possible.
   — Et puis, ajoutait un troisième, il voulait surtout que sa
fille ne fût pas exposée à nous rencontrer; car elle est diable-
ment fière, cette enfant! Jamais elle n'a daigné jeter un re-
gard sur l'un de nous et jamais aucun de nous n'a osé lui
adresser une seule fois la parole... Mais, malgré tout cela,
convenons que l'homme qui nous commandait nous a tou-
jours donné l'exemple 4" courage. Convenons aussi qu'il élait
juste, généreux, prodigue, et qu'il a souvent exprimé le dé-
sir de se retirer de notre association, sans que nous ayons
voulu consentir à ce qu'il se séparât de nous...
   — Silence! dit d'un ton absolu une voix qui n'avait pas
encore parlé, silence ! mettez un lerme à vos bavardages et
écoutez-moi : — Notre chef est mort et nous avons à en dé-
signer un autre. Qui choisissez-vous ?
   — Toi! répondirent tous les assistants.
   — Eh bien, continua celui qui venait d'être ainsi élu par
acclamation, puisque vous me voulez pour votre chef, jurez
de m'obéir dans tout ce que je vous ordonnerai.
   — Nous le jurons, répondit-on de toute part.
   Après ce serment, les conversations particulières recom-