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IX SUAVIOLA. 449 « Grand Dieu, je te vois dans toutes tes œuvres ! Je te vois dans la majesté des hautes montagnes; je te vois dans le riant aspect des vallées; je te vois dans la fertilité des plaines; je te vois dans la vaste étendue des mers. « Il est magnifique le soleil qui éclaire nos journées! Ils sont innom- brables les astres qui scintillent dans la sublime obscurité des nuits... Et elle est infinie la sagesse qui a conçu de pareilles merveilles ! Elle est in- finie la puissance qui les a créées ! Elicest infinie labonté qui les conserva! « Toutes les voix de la création chantent ta gloire, grand Dieu, et je m'associe à ce concert. 0 mon âme, admire Celui qui t'a donné la puissance d'admirer; aime Celui qui t'a donne la puissance d'aimer, et prie-le, car il est le Maître de la vie et de la msrt ! » Ce clianl traduisait admirablement la disposition d'esprit où se trouvait Etienne en ce moment. Il le répéta plu- sieurs fois, et s'émut peu à peu jusqu'à verser d'abondantes larmes. Lorsque enfin il se lut, i! vit près de lui, en se retournant, Stella, qui l'avait écouté et qui pleurait aussi d'émotion. Elle lui tendit la main, et il la porta ù ses lèvres avec transport. — La musique que lu chantais là est ravissante et tu as une bien belle vois, lui dit la jeune fille. — C'est un cantique allemand, répondit Etienne. — Je ne connais point cette langue, reprit la jeune fille, et je n'ai pas pu comprendre les paroles que lu disais; mais co chant est d'un caractère profondément religieux. — Oli! s'écria Etienne, serait—il possible, en présence de ce spectacle, de chanter de la musique qui n'exprimerait pas l'adoration et la prière... Vois!... Et il montra à Stella les aspects de l'horizon. Mais déjà la nuit commençait à voiler les perspectives qu'il lui indiquai!, et bientôt l'obscurité fut profonde. Les deux jeunes gens, revenus au sentiment de leur posi- tion, s'ouvrirent leur cœur. 29