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384 LETTRE SUR L'ARCHITECTURE tiennes, tandis que l'Italie n'a pu s'affranchir tout à fait des traditions païennes de l'antiquité dont les monuments couvrent son sol. M. le comte de Montalembert exprime la même pen- sée dans l'admirable introduction à l'histoire de sainte Elisabeth de Hongrie : « Au lieu de s'étendre "sur la terre « comme de vastes toits destinés à abriter les fidèles, il « faut que tout jaillisse et s'élance vers le Très-Haut. La « ligne horizontale disparaît à peu près, tant domine l'idée « de l'élévation, la tendance au ciel. » Et plus loin : « D'innombrables beautés fleurissent de toutes parts dans « cette germination de la terre fécondée par le catholicisme « et qui semble reproduite dans chaque église par la mer- « veilleuse végétation des chapiteaux, des clochetons et « des fenestrages. » Que l'on ne vienne donc pas nous dire que le style aigu et les fioritures de l'école ogivale ne sont pas issues des traditions et du symbolisme chrétien. II. — Est-il exact que le sanctuaire soit et doive être toujours le terme extrême de l'église, que le public ne doit pas aborder et encore moins dépasser? En fait, c'est bien là , qui l'ignore? la disposition la plus commune du sanctuaire. Mais est-ce une règle liturgique, une loi telle qu'on ne puisse jamais y déroger sans encourir un blâme sérieux? Combien ne voit-on pas, en Italie et ailleurs, d'églises paroissiales, claustrales surtout ou collégiales, dans les- quelles le chœur est placé en arrière de l'autel et par delà le sanctuaire. A Lyon même, voyez les églises de Saint- Bruno et de Saint-Nizier; est-ce qu'on ne voit pas, chaque dimanche, chaque jour, les séculiers prendre place der- rière l'autel? III. — Est-il vrai que les chapelles rayonnantes soient une superfétation gênante pour l'ordre des offices ?