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CHRONIQUE LOCALE. 335 n'en a l'air et qui, sous la forme d'un badinage, est, comme l'Utopie de Thomas Norus , ou Ylcarie du père Cabet, tout un système de ci- vilisation. Heureusement que Lyon est riche, et que nombre d'écri- vains suivent l'exemple des Laprade et des Soulary. Nous garderons sans crainte de les perdre ces Lyonnais fidèles au sol natal : M. Saint-Olive, qui publie aujourd'hui ses Mélanges histo- riques et littéraires, beau volume où la fantaisie-voyage côte à côte avec l'érudition, où l'archéologie savante accompagne la vive et mor- dante poésie ; M. Monin, qui donne en ce moment son Bréviaire du médecin, Vade mecum indispensable au jeune praticien, utile à l'homme du monde et œuvre remarquable sous tous les rapports; M. Pariset, voué à l'histoire de la soie (notre industrie) ; M. Ram- baud, l'auteur du poème de Fanette ; Linossier, qui nous donne ces jours-ci Bluettes et Croquis lyonnais, gracieux et gai volume dont nous rendrons compte ; tant d'autres enfin dont la Revue enregistre les travaux quotidiens. Et près de nous, ils sont fidèles à la province, ces écrivains mo- destes et consciencieux , dont la plume est consacrée à notre histoire locale : M. le vicomte de Meaux, qui publie des documents précieux sur Malouet ; Vigé, qui commença une étude sur le comte Vert, un dés souverains les plus populaires de la Savoie, et dont l'histoire est liée à celle de la Bresse et du Bugey ; Arène , auteur et imprimeur d'un joli in-12, dont nous parlerons aussi un jour. Les Lettres d'une mou- che a miel a M. le docteur Vidart, directeur de l'Institut hydrothéra- pique de Divonne nous appartiennent et par droit de naissance et par droit de conquête. Sous prétexte de courses à travers le Bugey, elles touchent à tout, aux Sarrasins, à Brou, à Voltaire. La Revue en donnera un aperçu à ses lecteurs. Félicitons-nous de cette ardeur littéraire à 500 kilomètres du pont des Arts. — Il n'est bruit que du prochain concert de Luigini, à l'Alcazar. On y entendra l'ouverture et la marche du Tanhauser. La statue de Mozart sera voilée pendant tout le cours de l'exécution. — On a fait un gros volume du mal qu'on a dit des femmes ; on en ferait un plus volumineux encore du mal qu'on a dit des musiciens. Au fond, qu'est-ce que cela prouve? En adore-t-on moins les unes? Et aime-t-on moins les autres? Les médecins n'ont-ils jamais été mis sur la sellette? Les académiciens ne sont-ils pas raillés journellement par tous les gens d'esprit qui ne sont pas de l'Académie ? Musiciens, méde- cins, femmes et académiciens doivent en prendre leur parti, offrir un front serein aux malices de la foule et se mettre profondément dans l'esprit qu'ils sont trop profondément dans nos mœurs pour qu'on songe à les supprimer. Tous les jours on voit les railleurs se marier, faire appeler le mé- decin ou entrera l'Académie. La société de Saint-Vincent-de-Paul voulant soulager tant de cruelles misères qui pèsent sur la ville, a organisé un concert, et, comptant qu'on répondrait largement à son appel, a fait choix de l'élégante salle du théâtre des Variétés, moins vaste que l'Alcazar,