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                          UNE VISITE,                        IbS

 d'autres documents écrits que les inscriptions, mais encore,
laissent, avec une incurie déshonorante pour elles, dépérir
 par l'injure du temps et des hommes, le petit nombre de
monuments dont le hasard et la générosité de quelques
citoyens éclairés les ont mises en possession.
    Je ne sais en vérité de quelle manière m'y prendre pour
raconter, sans forfaire a l'honnêteté, comment la première
ville du département de l'Isère a souci des inscriptions dont
 se compose son musée lapidaire. Rassemblées au fond
d'une cour publique, elles sont adossées, sans aucun abri,
 au pied du mur d'une maison, percée de nombreuses fenê-
 tres de derrière que je dois croire donnant, pour la plupart,
dans des alcôves. Chaque matin, à l'heure où « l'aurore vigi-
lante » fait sortir les gens du lit, de plusieurs de ces fenêtres,
s'ouvrant l'une après l'autre, s'échappe sur ces malheu-
reuses inscriptions, une obscène averse que je ne puis dési-
gner par aucun nom qui ne soit lui-même une affreuse vi-
lenie. Je mets au défi qui que ce soit de pouvoir s'appro-
cher sans horreur d'un autel a Saturne placé au-dessous
d'une petite croisée borgne, cependant pourvue de bar-
reaux, mais de barreaux, à ce qu'il paraît, singulièrement
complaisants. Le dévot qui a consacré à Saturne cet autel
et en a consacré à Mars un autre pareil, méritait mieux
que cela de la gratitude de la postérité. Par un de ces actes
de munificence alors communs, mais que, de nos jours,
bien peu de personnes, même parmi les riches, sont tentées
d'imiter, il avait donné pour l'embellissement d'un temple à
Grenoble, alors Cularo, simple vicus dépendant de Vienne,
comme l'étaient Genève, Aoste, Aix, Albens, Annecy, di-
verses choses, entre autres des statues en bronze de Mars et
de Saturne, celles précisément sans doute dont les piédes-
taux nous sont parvenus pour être quotidiennement l'objet
de grossières insultes. C'est à peu près ce qu'on peut tirer