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            DE LA MUSIQUE DRAMATIQUE '




    La musique italienne est mélodique au suprême degré.
 Dès lors même que Palestrina traduisit en notes le christia-
nisme, et initia, par ses divines mélodies, l'école italienne,
elle revêtit ce caractère et le conserva ; l'dme du moyen-âge
vit en elle. L'individualité qui, en Italie plus qu'ailleurs, eut
en toutes choses une expression profonde et énergique, a ins-
 piré la musique italienne et la domine encore. Le moi y est
roi, roi despote et unique. Elle s'abandonne à ses caprices,
à ses volontés, à ses désirs ; on ne remarque point en elle de
vie progressive, unitaire, coordonnée à un but précis, mais
des sensations puissantes, des efforts rapides et violents.—
La musique italienne se place au milieu des objets, en reçoit
les sensations, puis elle en renvoie l'expression embellie,
divinisée. Lyriquejusqu'au délire, passionnée jusqu'à l'ivres-
se, ardente comme le sol où elle est née, étincelanle comme
le Soleil de son Ciel, elle module, rapide comme l'éclair, sans
songer ni aux moyens, ni aux transitions; elle bondit de chose
en chose, d'affection en affection, de pensée en pensée5 de la
joie au désespoir, du rire aux larmes, de la haîne à l'amour,
du Ciel à l'Enfer, el toujours puissante, toujours frémissante,
elle a double vie, son cœur est un cœur fiévreux, son inspi-
ration est une inspiration fatidique, éminemment artistique,

  (1) Voir la livraison d'octobre.