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                    CINQ JOURS A DRESDE.                  407

  autres, comprimaient les masses et traversaient les rangs?
  Rien de tout cela ne se faisait à Dresde.
    Suppose-t-on que des pompiers enrégimentés ou quelques
 gardes nationaux de bonne volonté avaient mission de
 faire respecter la tranquillité publique? Non, la garde
 nationale est une institution dont l'Allemagne n'a pas
 le bonheur de jouir, et quant aux pompiers de Dresde,
 recrutés parmi les jeunes gens des meilleures familles de
 la ville, ils sont trop préoccupés de leur unique rôle de
 sauveteurs pour s'amuser à jouer au soldat.
    Il y avait alors, dira-t-on, des commissaires nommés
par le comité organisateur et qui sous la sauvegarde d'une
rosette distinctive pouvaient tout ordonner, tout diriger?
Ce n'est pas encore cela.
    La police de cette fête colossale avait été confiée à des
enfants de douze à seize ans ! Six cent mille personnes
 l'ont vu et peuvent le certifier.
    Tout jeune Allemand de douze à treize ans entre dans
une société de gymnastique. Là, toutes les fortunes, toutes
les éducations, toutes les religions sont confondues, et
grâce à la surveillance des chefs, tous gagnent à ce frotte-
ment. Dans ces sociétés de Turners (mot allemand qui
rappelle les tournois d'autrefois), on développe non seule-
ment, le corps de Fenfan't mais aussi son âme; il y suit,
par les conseils et les exemples qu'on lui donne, un cours
complet de morale pratique; on lui apprend à être beau
et fort ; on lui enseigne à être honnête et vertueux.
    Chaque tuner porte une ceinture rouge et noire sur la-
quelle on a brodé en jaune quatre F, représentant les ini-
tiales de quatre mots : frisch, fromm, frœhlich, frei, qui
peuvent se traduire par les substantifs : SANTÉ , VERTU,
GAÎTÉ, LIBERTÉ. Peut-on trouver un programme plus parfait?
Peut-on imaginer une ligne de conduite plus recomman-
dable et plus touchante?
    Mais le beau de l'affaire c'est que ces enfants prennent
leur devise à la lettre. Ils ont la ferme volonté d'acquérir