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VOYAGE DE LYON A TKNNE. 379 poinlu aussi. Quoi qu'il en soif, ce ridicule couvre-chef suffit à la félicité de notre voyageur, heureuv de faire converger sut- sa personne les regards do tous les passagers et même des naturels disséminés le long du fleuve. Nous classons ce bipède dans la famille des toucans, des calaos et autres volatiles recelant peu de cervelle sous ce casque pyramidal. Puisque nous en sommes aux affinités animales, je vous présente un spécimen de la famille des scolopacinés. C'est une vieille dame, jaune et maigre, douée d'un nez très-long, mince, éfllé, surmontan! une bouche aux lèvres fines comme un trait de plume, un menton rentré et un col d'échassier. Avec une tête de bécasse, Grandville en eût fait un portrait frappant d'exaclilude. Cette honnête personne tricolte je ne sais quoi sur une aiguille d'ivoire. Mon voisin, — un gros fumeur extrait au complet d'un tableau flamand et qui répète à tous propos : Si nous en bourrions une! — me demande, quatre fois de suite : Qui peut bien être cette dame?... — « C'est Georges Sand, lui « dit à l'oreille M. E. impatienté; mais ne ia trahissez pas ! « Elle veut garder l'incognito, — c'est pourquoi elle est en « femme » Le gro a monsieur saisit cette occasion pour en bourrer une et va se promener ;* l'avant. Bientôt tout le personnel du bateau défile devant ia pauvre dame qui n'y comprend rien. Cette mauvaise plaisanterie renouvelée des Grecs a un succès fou et nous donne la mesure de la discré- tion du fumeur obèse ; mais il s'en soucie peu et en bourre une autre. Le capitaine vient parler à la dame ; tout nuage disparait ; ceux qui niaient doutent, ceux qui doutaient affirment, ceux qui affirmaient jurent C'est bien l'auteur d'Indiana, des : Maîtres sonneurs, d 'Elle et lui, etc., qui Iricolte comme u:ie