page suivante »
3)0 NOUVELLE. son ordre, iî est défendu de toucher de l'argenf, mais non de le recevoir ; en sorte que le frère Francisco portait à Nice celui qui lui était donné et le remettait au laïque, caissier de rétablissement, lequel ne se trouvait nullement souille' au contact de la monnaie, et tenait un compte exact des som- mes qui lui étaient apportées par le frère quêteur. Ce couvenf, d'ailleurs, était fort riche : les nobles et opu- lents propriétaires des environs tenaient à grand honneur d'avoir leur sépulture dans son cimetière où ils achetaienl une place, et presque tous faisaient dans leur testament des legs considérables ù ce couvent favorisé, auquel le roi de Sardaigne, Charles-Albert, venait de donner deux magni- fiques lampes en or. Un jour le frère Francisco m'apporta, avec l'excellente salade accoutumée, une imitation très-aimable du supérieur Ludovico, d'aller le voir, réassurant de sa part du plaisir que je lui ferais. Je me rendis le lendemain à ce bienveillant appel et trou- vai le Frère gardien (c'est ainsi que l'on appelait Ludovico) se promenant sous une avenue de hautes charmilles cente- naires, qui conduisait de la maison des moines à l'extrémité d'une terrasse élevée faisant (are à la ville de Nice et à la perspective lointaine de la mer ; de cette position admirable l'œil découvre !a vallée, où coule le Paglion, petit fleuve h sec les trois quarts de l'année et qui ne s'accroît qu'après des pluies abondantes, assez rares dans la belle saison; de là se voient des maisons de campagne couronnées d'orangers, de citron- niers, de chênes verts, de caroubiers, de jujubiers, d'oliviers, et, comme la plupart de ces arbres gardent leur feuillage en hiver, on peut dire qu'un printemps éternel pare et verdit la campagne étalée sous les yeux. Arrivé au bout de la terrasse je ne pouvais enlever mes regards de cette sublime perspective, qu'un soleil planant