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                      DE LYON A GRENOBLE.                        251

buffet. La foule se précipite : — On déjeune en courant; la trom-
pette sonne le rappel, la cloche déchire les oreilles ; en voiture!
 et nous voilà repartis.
   La campagne change de caractère,- la plaine est devenue col-
line ; voici La Tour-du-Pin qu'on brûle; le paysage s'accentue
et s'embellit; les montagnes s'élancent et déchirent le ciel;voici
Voiron et les Alpes; tout est maintenant magnifique et gran-
diose; les yeux avides sont tournés vers ces massifs gigantesques
au sein desquels la Grande-Chartreuse est cachée. Plus d'un désir
convoite ces versants recroquevillés ; le regard mesure ces hau-
teurs immenses, le pied bat d'impatience, mais ce n'est pas pour
grimper dans les nues que nous avons pris le chemin de fer.
   Bien ! enfin, cette eau grise est l'Isère, cette montagne est le
Rachais, ce rocher escarpé , couvert de fortifications, c'est le
Rabot; une foule acclame nos vagons; nous voici à Grenoble,
reçus par toute une population empressée et bienveillante. Belle
ville, bon accueil, magnifique horizon !
   La Fanfare a tous les honneurs ; on l'environne, on la choie ,
ses chefs l'organisent ; la musique des Pompiers la guide ; le
nombreux cortège quitte la gare et entre en ville en jetant
aux échos dauphinois ses airs les plus joyeux auxquels ré-
pondent les applaudissements.
   Les quais, les rues, les fenêtres sont garnis de curieux ; la ban-
nière verte, chargée de médailles, témoignages de si nombreux
triomphes, attire tous les regards.
   On ne peut parcourir la ville sans être assailli par la pensée
de grands hommes et de grands événements.
   Aujourd'hui, forteresse de premier ordre, elle fut jadis capitale
d'un Etat souverain et indépendant ; son histoire, à l'encontre
de celle des nations heureuses, est intéressante à lire, elle fut
du moins toujours celle d'un peuple chevaleresque, belliqueux et
éclairé, et si à chaque page on y rencontre le nom des Guigues et
des Humbert, des Lesdiguières et des Bayard, on y trouve aussi,
brillant d'un non moins vif éclat, une pléiade composée des
Condillac, Mably, Vaucanson, Barnave , Mounier, Casimir Périer,
sans compter une multitude d'étoiles secondaires, dont l'appel-