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                    CINQ JOURS A DRESDE.                 223
une mesure à quatre temps correspondait à la valeur d'un
verre de bière, pour deux mesures et demie on avait un
beefsteak. Quand on n'avait pas de monnaie, les plaisants
prétendaient que l'on n'avait que des pauses et des silences.
L'expérience a démontré que cette monnaie est excessive-
ment plus commode que toutes les autres monnaies alle-
mandes, ce qui n'empêche pas que, malgré cet essai si
réussi, les Etats de la Confédération se garderont bien
d'adopter l'unité monétaire qui, pendant cinq jours, a régné
à Dresde.
   Le concert se prolongea assez avant dans la nuit ; mais,
afin de réparer les_ fatigues du voyage, nous n'attendîmes
pas la fin pour aller nous reposer.

                            III.
   Le lendemain (dimancke 23), à cinq heures du matin,
toutes les musiques militaires de la Saxe parcouraient la
ville en tous sens, faisant retentir l'air de marches écla-
tantes, composées exprès avec les motifs les plus populai-
res des chansons allemandes. Il s'agissait de réveiller les
chanteurs, afin qu'ils ne manquassent pas la grande répé-
tition, qui devait avoir lieu à six heures dans la Sœnger-
halle.
   La répétition eut lieu à l'heure indiquée ; les chanteurs
formaient un ensemble des plus imposants. Chaque chœur
était dirigé par le compositeur lui-même, et, quand il avait
une observation à faire, ce n'était qu'au moyen d'un porte-
voix qu'il pouvait se faire écouter par tous les musiciens.
Plusieurs chœurs étaient accompagnés par un orchestre
de cuivre de 200 exécutants ; les ritournelles étaient formi-
dables, et pourtant, quand les voix attaquaient, on n'enten-
dait plus les instrumentistes ; c'est que 21,000 gosiers ont
une puissance de sonorité qui écrase tout, sans produire
cependant aucun de ces sentiments désagréables que fait
ressentir une musique trop bruyante. Du reste, les instru-