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POESIE.
ËPITRE A CERTAINS POÈTES.
Ainsi que vous j'admire la nature,
Et vous avez le droit de la chanter,
Mais son éloge, en vos vers, nous sature
Et vous pourriez, vraiment, en dégoûter.
Ce sont toujours mêmes mots, mêmes phrases,
Nard éventé qui perdit ses parfums ;
On ne saurait partager vos extases
Qui se font jour en fades lieux communs.
Du rossignol vous forcez le ramage,
Tous vos lecteurs voudraient lui crier, chut!
L'aimable oiseau, Tamberlick du bocage,
Chez vous s'enroue et va perdre sou ut.
J'aime un ruisseau qui gazouille et murmure,
Où le pinson boit et trempe son bec,
Mais, dans vos vers, son bruit si longtemps dure.
Que je languis beaucoup qu'il soit à sec.
Je n'aime point les'gros vents et la bise,
Je suis charmé que vous n'en parliez pas.
Mais je maudis le souffle de la brise
Que votre muse éveille à chaque pas.
a*