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                               DISCOURS
                                  prononcé

   AUX FUNÉRAILLES DU CARDINAL HIPPOLYTE D'ESTE,

                      Par Marc-Antoine MURET (1).

           Le 3 des nones de décembre (11 décembre 1572).




    Quel plus triste et plus douloureux spectacle pouvait nous
 être offert, très-nobles sénateurs et très-illustre assemblée,
 que celui qui est mis, en ce jour et dans ce temple, sous nos
 yeux, par les décrets de la toute-puissance divine et par
l'inévitable nécessité de la mort, imposée à la condition
 humaine ! En effet, celui qui nous relevait nous mêmes
lorsque nous étions abattus, celui qui nous ranimait lorsque
 nous succombions a demi-morts, il est là, devant nous,
 gisant et inanimé. Lui dont les libéralités et les largesses
inépuisables ont procuré a tant d'autres, et à nous mêmes,
les moyens de conserver l'existence, le voilà maintenant
privé de la vie. Ah ! oui, c'est à bon droit que des larmes
tombent de tous les yeux, que de toutes parts l'on entend
retentir les soupirs les plus déchirants et les gémissements
les plus lamentables ; c'est à bon droit que nous voyons, non
seulement les hommes, mais encore les murailles elles-
mêmes de cet édifice sacré étaler avec pompe les emblèmes

  (1) Muret avait consigné sur l'exemplaire imprime de ses           Variœ
lecliones quelques noies manuscrites sur Hippolylc d'Esté ;     voici une
traduction de celle qu'on lit au bas Je la Dédicace de cet ouvrage à
ce prélat : « Hippolylc, cardinal de Ferrarc, mourut le mardi 2 décem-
bre 1572, un peu avant la vingtième heure. Qu'il repose en paix! Il
était né comme je le lui ai souvent entendu dire à lui-même, le 25 août
1509. J'ai passé dans sa maison quatorze années entières, et j'ai toujours
eu à me louer de sa libéralité et de sa bienveillance. » —A. DE LAGREVOL,