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                   DE L'HISTOIRE DE FRANCE.                    509
 âge. Et n'oublions pas qu'elle faisait plus alors que de conti-
 nuer les anciennes traditions. Son gouvernement n'avait pas
pour unique mérite d'être le seul qui conservât des lois réguliè-
res ou le seul qui fût possible en dehors du despotisme militaire ;
à ne l'envisager que sous la forme dont il était revêtu au VIIIe
siècle, il était, dis-je, supérieur à l'ancien gouvernement romain
de toute la hauteur qui sépare le Christianisme des doctrines de
l'antiquité. Voilà dans cette période, si obscure et si stérile en
apparence, de notre histoire, voilà où rayonne la lumière, où
brille le progrès providentiel.
   Mais Charlemagne meurt, et l'obscurité recommence. Cette
déplorable loi de succession qui appelle tous les fils à se
partager le trône de leur père, allume les guerres civiles.
Des lambeaux de l'Empire se forment des royaumes, bientôt
divisés à leur tour ; le pouvoir s'affaiblit par le morcelle-
ment, et l'Eglise elle-même tente vainement de sauver l'u-
nilé qui va disparaître. D'autres causes viennent encore pré-
cipiter cette décadence. D'une part, c'est le danger des invasions
qui renaît : les Normands paraissent le long des côtes, remontent
les fleuves, pillent et rançonnent les campagnes, les villes, les
monastères ; la France est livrée pendant près d'un siècle et
presque sans défense à de terribles déprédations. D'autre part,
les rois de la seconde race, comme ceux de la première, ruinent
peu à peu leur autorité par l'abus des concessions territoriales.
En multipliant les dons de bénéfices ou de fiefs qui leur servent
à payer le service des gens de guerre, ils dissipent leur domaine
et perdent leur indépendance. Le gouvernement central s'efface
par degrés, et, comme la souveraineté ne peut périr, ce sont
les pouvoirs locaux qui s'en emparent et l'exercent à leur tour.
C'est le règne de la féodalité.
   La féodalité a laissé de tristes souvenirs. Elle est encore
impopulaire et à de justes titres. On peut dire sans crainte
que son triomphe, ou plutôt la longue révolution qui l'amena,
fut un malheur pour le pays. Une fois encore, la chaîne des tra-
ditions fut rompue. Et cependant son établissement ne fut pas
une usurpation. Elle eut aussi sa légitimité. Elle rendit à la